liste des
Publications C.O.R.A.I.L.
LE 15ème COLLOQUE C.O.R.A.I.L.
(Novembre 2002) : Les vivres et le vivre en
Océanie
Sont parus :
1988 : Migration (s) et identités, Université Française du Pacifique, Papeete, 1989.
1989 : L'homme et le temps, Nouméa, 1990.
1990 : Connaissances et communication, Nouméa, 1991.
1991 : La fête, Nouméa, 1992.
1992 : Voyage, découverte, colonisation, Nouméa, 1993.
1993 : La terre, Nouméa, 1994.
1994 : Parole, communication et symbole en Océanie, C.O.R.A.I.L. & U.F.P., Paris, 1995.
1995 : La femme entre tradition et modernité, C.O.R.A.I.L. & U.F.P., Paris, 1996.
1996 : La mer, C.O.R.A.I.L. & U.F.P., Paris, 1997.
1997 : Education et culture en Océanie, C.O.R.A.I.L. & U.F.P., Nouméa, 1998.
1998 : Ecrire à la croisée des îles, des langues, C.O.R.A.I.L. & Université de la Nelle-Calédonie, Paris, 1999.
1999 : Religion et sacré en Océanie, C.O.R.A.I.L. & Université de la Nelle-Calédonie, Paris, 2000.
2000 : Eros et Thanathos, C.O.R.A.I.L. & Université de la Nelle-Calédonie, UNC, 2001.
2001 : Approches autour de culture et nature dans le Pacifique Sud, C.O.R.A.I.L. & Université de la Nelle-Calédonie, Nouméa, 2002.
2002 : Les vivres et le vivre en Océanie, C.O.R.A.I.L. & Université de la Nelle-Calédonie, Nouméa, 2003.
pour en savoir plus sur ce
livre
more about this book
2003 : L'enfant dans le Pacifique Sud : Regards sur l'enfant / Regards d'enfants. ( éditeur D. Jouve, 2004)
2004 : Les stéréotypes et les lieux communs. ( éditeur V. Fillol, à paraître en 2005)
A paraître :
2005 : Territoires et Héritages. (éditeur G. Pestaña, à paraître en 2006)
La matinée du jeudi 28 novembre a été consacrée aux Océaniens.
Epeli Hau'ofa, sociologue, écrivain et enseignant à l'université du Pacifique Sud à Fidji a été le conférencier de la séance plénière.
Les autres intervenants ont été :
Raylene Ramsay, professeur de français, chef de département de l'université d'Auckland qui a centré sa communication sur les œuvres de deux écrivains de la Nouvelle Calédonie : Déwé Gorodé et Claudine Jacques.
Peter Brown, professeur de français à l'Australian National University de Canberra, a choisi de parler du thème du colloque à travers le cinéma australien.
La matinée s'est terminée sur une communication de Mary et John Ramsland de l'université de New Castle, Australie, qui ont analysé les interactions culturelles et sociales entre l'Australia Hotel de Sydney et sa clientèle pendant la période 1925-1945.
L'après midi les conférenciers et le public ont été invités à une visite conférence au musée de la ville qui abritait une exposition consacrée au mangeur calédonien.
La matinée du vendredi 29 novembre a été réservée aux professionnels de l'art culinaire en Nouvelle Calédonie avec des représentants de la restauration traditionnelle ainsi que du service traiteur à domicile.
Les enseignants ont aussi fait des interventions comme Monsieur Monchanin, proviseur du lycée hôtelier Escoffier.
La matinée s'est terminée avec des communications sur le thème de la nourriture analysé à travers des œuvres littéraires océaniennes, australiennes et vietnamiennes.
Le samedi 30 novembre, le thème de la cuisine a été abordé selon des angles différents :
- celui de l'imaginaire calédonien avec Bernard Gasser, spécialiste de la littérature calédonienne
- celui de l'idéologie de deux livres de cuisine de l'époque coloniale par Dominique Jouve, professeur à l'Université de la Nouvelle Calédonie et Directrice du centre de recherche Transcultures.
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colloque CORAIL
Les résumés sont présentés par ordre alphabétique du nom de leur auteur.
Peter BROWN
Histoires de dévorant-dévoré : quelques aspects du cinéma australien et des mythes fondateurs : The Cars that Ate Paris', Picnic at Hanging Rock, One Night the Moon.
La nourriture relève peu de l'ordre du sensuel dans le cinéma australien. A part quelques films "ethniques" qui présentent des scènes de table sous forme de clichés ("La Spagnola", "Looking for Alibrandi"), on est loin de la tradition européenne de "La Grande Bouffe", "Roma", "Amarcord", voire "Babette's Feast". "The Castle" - grand succès populaire des années 1990 - accentue de manière exagérée la banalité exemplaire de la cuisine dans la culture traditionnelle de l'Australie profonde. Mais certains cinéastes australiens n'en accordent pas moins une importance au thème de la nourriture qui peut alors assumer une fonction plus tortueuse voire menaçante comme métaphore liée à la représentation du paysage : "The Cars that Ate Paris" montre ainsi des valeurs de la ville mal digérées par la campagne quand une petite communauté cannibalise des étrangers et leurs voitures ; "Picnic at Hanging Rock", élabore un mythe fondateur de la nouvelle nation européenne où le paysage absorbe les êtres qui l'épousent en un geste de symbiose sacrificielle ; "One Night the Moon" présente une perspective aborigène sur cette même terre qui dévore, les colons, ceux qui ont un appétit trop exclusif et rapace sans accepter la valeur nutritive du Temps du Rêve.
Tess DO
Nourriture ou pourriture: Analyse de l'angoisse postcoloniale à travers le symbole de la nourriture et de l'anorexie dans les romans de Linda Le.
Pour Linda Le autant que pour des milliers de réfugiés et d'immigrants vietnamiens qui ont fui leur pays natal, la France représente la terre promise. Les uns y trouvent le salut, la liberté, la civilisation, les autres la fin de la misère et de la persécution. Ex-citoyens d'un pays du Tiers Monde ravagé par de longues guerres, tourmentés par la faim et hantés par la mort, soit dans les camps de rééducation soit sur des rafiots au milieu de l'océan, ils se retrouvent d'un coup dans un monde d'abondance et de richesse. L'adoption du nouveau pays ne se passe pas sans choc: entre leur pauvreté et la richesse de leurs hôtes, entre leur héritage perdu et celui des Français, existe un gouffre que peu parviennent à franchir d'un pas léger. C'est dans ce pays libre et égalitaire que les exilés vietnamiens, devenus pourtant citoyens français, prennent douloureusement conscience de leur infériorité: de classe, de race, de culture, de statut. Ainsi, leur présence en France, un demi-siècle après la décolonisation au Vietnam, fait renaître ce complexe d'infériorité qui avait hanté jadis maints intellectuels vietnamiens pendant la colonisation où la supériorité française dans tous les domaines militaire, économique, littéraire et artistique, menaçait d'écraser leur civilisation et leur âme. À 14 ans, Linda Le qui venait de débarquer en France avec sa mère et ses trois sœurs, a été saisie par l'angoisse d'être inférieure aux autres Français dans sa classe malgré son excellente formation française au Vietnam. Pressée de rattraper les autres, de les égaler, Linda Le s'est jetée, vorace, sur tous les livres qui lui tombaient sous la main afin de surmonter son handicap culturel. Pareille à la nourriture qui remplit l'estomac et redonne ses couleurs à l'affamé, les livres assouvissent la soif du savoir de Linda Le et consolident ses connaissances littéraires, historiques et culturelles françaises. Mais cette acquisition boulimique des connaissances n'est pas sans danger. L'assimilation trop rapide à une autre culture risque de déséquilibrer l'individu dans la mesure où il se laisse submerger par cette nouvelle culture qui le déracine en effaçant en lui tout ce qui appartient à son ancienne culture. Linda Le, dans son acculturation accélérée, a perdu sa langue maternelle, "le souffle sonore de la patrie" et avec elle, l'héritage culturel vietnamien. Cette perte qu'elle porte comme "on porte un enfant mort" est donc la conséquence de sa consommation excessive des livres français, de son apprentissage assidu de la langue française et de son assimilation rapide de la culture française: cette même nourriture qui l'avait "sauvée" de son statut inférieur d'immigrant en faisant d'elle un "écrivain français" accompli et reconnu l'a aussi empoisonnée puisqu'elle a tué en elle ses racines vietnamiennes. Nourriture ou pourriture, aliment ou poison, le drame de Linda Le se reflète à travers le rapport tourmenté et violent qu'entretiennent ses personnages avec la nourriture et le sexe. De la boulimie à l'anorexie, de la promiscuité à la frigidité, leurs troubles de comportements alimentaires et sexuels trahissent le déchirement intérieur de l'auteure. Dans la mesure où l'acte de manger et l'acte sexuel traduisent l'instinct de survie et de reproduction, le fait que ces personnages sont en guerre avec ce qui sert à les nourrir révèle une profonde angoisse, voire une volonté de mort. Dans ma communication, je propose d'examiner cette angoisse que je qualifie de "postcoloniale" et qui, à mes yeux, remonte non seulement à la destruction brutale de l'enfance à cause de la guerre, mais encore à sa situation d'apatride. À travers la métaphore de la nourriture, je compte, dans un premier temps, établir des rapports entre les personnages et la consommation alimentaire, sexuelle et intellectuelle. Parmi les théories sur la nourriture, je retiendrai en particulier celles de Deborah Lupton et de Sarah Sceats qui me permettront d'examiner en profondeur le lien entre les parents (surtout la mère), l'enfant et l'anorexie. Dans un deuxième temps, en prenant en compte le passé colonial du Vietnam, j'examinerai à la lumière postcoloniale le h'en qui relie Linda Le au Vietnam et à la France, établissant ainsi le parallèle entre l'anorexie des personnages et le mal du pays de l'auteure. Ici, la théorie de l'hybridité est particulièrement pertinente pour mon analyse et je retiendrai celle qu'a formulée Homi Bhabha dans la mesure où elle permet d'examiner les textes de Linda Le en tant que discours de résistance. Car, écrits en français, publiés à Paris, adressés à un public francophone, les romans de Linda Le viennent enrichir la littérature française et le succès de l'auteure rend hommage à la langue et à la tradition littéraire françaises. Cependant, les stratégies subversives de la réappropriation et l'intertextualité qu'utilisé Linda Le démentent cet hommage et laissent entendre la voix révoltée du "subalterne."
Résumé
Cette communication propose une analyse métaphorique de la nourriture comme héritage culturel et postcolonial des immigrants vietnamiens en France. Dans un premier temps, elle cherche à examiner la nature ambivalente de la nourriture telle qu'elle est représentée à travers la cuisine vietnamienne. Cet examen permettra dans un deuxième temps de mesurer l'impact de cet héritage français non seulement chez les Vietnamiens de la diaspora mais encore chez Linda Lê, auteur apatride des Trois Parques, écrivain métèque pris entre sa fascination pour son pays d'adoption et son attachement inavouable à son pays natal.
Bernard GASSER
Ripailles et beuveries de broussards chez G. Baudoux et J. Mariotti.
GILLETTE-FAVAN et Didier THORET
Le service traiteur à domicile : un phénomène de société en Nouvelle Calédonie
Le service de traiteur avec portage des repas à domicile appelé " gamelle " en Nouvelle Calédonie fait partie intégrante d'une manière de vivre à la Calédonienne. A travers une entreprise " la Casserolette ", il sera montré les contraintes de ce type de restauration qui indiquent implicitement le profil et la personnalité du consommateur de " gamelle " dont le nombre même en fait un mangeur calédonien très représentatif. Le succès du système vient du fait de sa simplicité pour le client et de la variété des menus. Il profite également du fait que les restaurants d'entreprise sont rares en Nouvelle Calédonie. De plus l'absence de vol et de vandalisme autorise le dépôt des plats devant la porte. Un simple appel téléphonique la veille permet la livraison d'un repas. Le nombre d'entreprises et le nombre de clients d'une entreprise comme " la Casserolette " montre bien la faveur du public pour ce type de restauration. Les contraintes sont de plusieurs types. Le personnel doit être stable et fiable. Par exemple du chauffeur responsable d'une tournée dépend la ponctualité de la livraison et la satisfaction du client qui veut manger à son heure. Le matériel doit être impeccable et performant (camionnette réfrigérée, ordinateur pour établir la programmation et la livraison des repas). Du fait de l'approvisionnement en produits frais souvent aléatoire, les produits bruts arrivent entre J-l et J-4 ce qui nécessite une grande sagacité dans les commandes et l'établissement des menus. De l'approvisionnement dépendent les menus de nature variée qui doivent être respectés. C'est la grande différence avec la restauration traditionnelle qui peut se permettre de faire figurer plusieurs jours de suite les mêmes plats sur le menu. Le client de la gamelle veut un service quotidien fiable, régulier mais avec des menus variés et suffisamment copieux. Du menu familial unique à l'origine sont dérivés des menus plus spécifiques : menus pour enfants, menus diététiques, menus végétariens, menus de bureau. Au niveau des plats, les contraintes sont nombreuses aussi : coût pas trop élevé, diversité, préparation simple, bonne conservation, goût de la clientèle. De tout cela se dégage le profil du consommateur qui se trouve dans toutes les classes sociales avec un dénominateur commun : ne pas pouvoir ou ne pas vouloir préparer un repas, surtout le repas de midi. Le client, donc le mangeur calédonien, veut une cuisine copieuse, pas trop onéreuse, variée, originale mais connue et donc rassurante, avec la possibilité de faire des découvertes. Un service de gamelle doit pouvoir lui apporter tout cela pour être efficace.
Danielle GUANERE professeur en enseignement spécialisé
Alimentation et position sociale : de la crédence à la table dans le monde kanak
J'enseigne la cuisine de collectivité au collège de Bourail. J'essaye de trouver des explications à l'évolution des habitudes alimentaires que j'ai observées dans le quotidien des îles : ceci me permet de mieux adapter mon enseignement et de mieux cerner les problèmes financiers liés à l'alimentation dans les foyers défavorisés pour tenter d'y remédier. La nutrition insulaire a subi de grands changements depuis la colonisation. D'une cuisine saine basée sur les la consommation de gibier, de poisson et de végétaux originaires du pays, l'alimentation a évolué vers plus de matières grasses, de produits alimentaires prêts à la consommation et de sucreries consommés en trop grandes quantités dés le plus jeune âge, en particulier dans les familles aux revenus modestes. Je vais essayer de montrer qu'en plus de la simple satisfaction d'un besoin physiologique, cette évolution révèle un fait sociologique. Le dilemme kanak devient : faut-il manger pour vivre ou bien vivre pour manger ? Ceux qui ont de l'argent cherchent à adopter un mode de vie occidental et leur alimentation se rapproche de celle des occidentaux. Ceux qui n'ont pas d'argent pourraient se satisfaire de produits d'origine locale donc peu chers, mais l'effet de " mode " les pousse à rechercher des produits occidentaux plus coûteux, sans compter une autre composante psychologique importante : dépenser en délaissant des produits alimentaires reconnus comme kanak, c'est tenter d'échapper à un quotidien de pauvreté. À partir de ces constats, je me suis donnée des objectifs pédagogiques qui, quoique de prime abord ciblés sur le plan culinaire, ont l'ambition à terme de valoriser la culture kanak. Je cherche à apprendre à mes élèves à cuisiner en utilisant des produits locaux qui ont le double avantage d'être peu chers et de bonne qualité nutritive. En me servant des bases de la cuisine française mais avec des produits locaux et bien connus, j'enseigne la confection de recettes originales mais peu coûteuses, ce qui permet une cuisine non pas " mode " mais différente, modernisée, renouvelée, accommodée à l'occidentale et qui se démarque à peu de frais de la cuisine traditionnelle et du " junk fbod ". Par ailleurs, l'enseignement de la cuisine pour les collectivités entraîne l'apprentissage de " règles " de cuisine qui vont de l'hygiène à la politesse et au savoir-vivre. L'enseignement de la cuisine permet donc de déboucher aussi sur une évolution positive du mode de vie en modifiant les mauvaises habitudes tant sur le plan des finances que du comportement dans la vie de tous les jours.
Epeli HAU'OFA
You may not eat your own food
Cette communication traite principalement du travail nécessaire à la production et la récolte de l'igname. Avant l'évangélisation de Tonga, la cérémonie qui consistait à présenter les premiers fruits s'appelait INASI. Le roi, le Tuitonga, offrait l'igname longue à la déesse Hikule'o. De même, on élevait aussi le cochon non pas tant pour sa consommation mais également à des fins culturelles et sociales ainsi que pour des festivités de toutes sortes.
L'orientation culturelle de la production et de la distribution de la nourriture est un aspect de l'utilisation tongienne de la nourriture. Cet usage existe encore de nos jours dans toute la région du Pacifique Sud.
Dominique JOUVE
Les livres de cuisine et leur idéologie à la période coloniale.
Quoi de plus innocent en apparence que les livres de cuisine ? Leur évolution nous révèle cependant l'histoire du goût et des pratiques alimentaires ; à ce titre, ce sont des documents historiques témoignant de la civilisation matérielle, de plus ils sont imprégnés de la mentalité d'une époque. Us n'échappent pas à l'emprise des idéologies lorsqu'ils tentent de transmettre des savoirs et des tours de main. Nous nous intéresserons à deux livres de recettes datant de la même époque : celui de Raphaël de Noter La bonne cuisine aux colonies, Asie, Afrique, Amérique, 400 recettes exquises ou pittoresques, paru en 1931, et celui d'Alin Laubreaux L'Amateur de cuisine. Essai sur la cuisine considérée à la fois comme un des Beaux-Arts et comme une volupté, paru également en 1931. Le premier révèle la permanence de préoccupations coloniales ; il s'agit de permettre à une petite bourgeoisie expatriée dans les colonies d'accommoder les produits du pays à la manière française, et pour les Français de retour au pays, de retrouver certains goûts exotiques grâce à l'importation, par le biais des conserves et autres techniques de préservation. Les épices et condiments ajoutent leurs saveurs exotiques à une cuisine dont l'étalon reste français. Ces deux livres de recettes n'échappent pas à une vision mythique du cannibalisme, référence obligée et stéréotypée dès qu'il est question des antipodes. Le livre d'Alin Laubreaux est révélateur du lien entre la gastronomie considérée comme une émanation du terroir et la pensée de l'Extrême Droite. En effet, les recettes sont présentées avec des commentaires à l'humour mordant. LA cuisine du terroir appartient à l'univers des Mères, sanctifiées dans ce rôle d'héritières transmettant une tradition et par là l'âme même d'une région. Les femmes, en dehors de figure, n'apparaissent que comme de jolis objets ornant les dîners en ville. Les attaques contre la religion catholique sont nombreuses, dans une veine qui annonce le renouveau d'intérêt pour les cérémonies païennes et tout ce qui pourrait manifester la permanence des vertus d'une race qui doit réagit contre sa décadence. Alin Laubreaux met en scène dans des anecdotes et dialogues de fiction un petit peuple vu sous un angle anhistorique. Il dépeint une France rurale qui appartient déjà au passé et il la dote de toutes les qualités : travailleuse, honnête, traditionaliste, et peu inscrite dans la circulation monétaire. Et ceci pour le plus grand bénéfice du bourgeois égoïste et jouisseur que Laubreaux présente comme " l'amateur de cuisine ". On trouvera une confirmation de cette " cible " en examinant les jeux de mots et les références implicites des plaisanteries et mots d'esprit 11 s'agit de la culture de la bourgeoisie traditionnelle, les citations latine excluant les " fils du peuple " qui suivent à l'époque une formation " moderne ". Pourquoi Laubreaux a-t-il compilé ce livre de recettes ? On peut émettre l'hypothèse qu'il s'agissait pour lui de pénétrer les milieux d'extrême droite en montrant son habileté à manier les stéréotypes en vigueur : culte de la mère et de la tradition, misogynie, populisme, anti-catholicisme... ce qui le place dans une tendance de L' Action française, dont certaines recettes sont citées. Ainsi, à travers un livre de cuisine théoriquement destiné aux amateurs et émanant d'un amateur, on peut saisir les orientations qui mèneront Laubreaux à son destin.
Résumé
Nous étudierons le livre de Raphaël de Noter La bonne cuisine aux colonies, Asie, Afrique, Amérique, 400 recettes exquises ou pittoresques, celui d'Alin Laubreaux L'Amateur de cuisine, Essai sur la cuisine considérée à la fois comme un des Beaux-Arts et comme une volupté, parus en 1931. Le premier montre à une petite bourgeoisie expatriée comment accommoder les produits coloniaux. Laubreaux met en scène un petit peuple rural doté de toutes les qualités, pour le bénéfice du bourgeois présenté comme "l'amateur de cuisine". Il s'agit pour l'auteur pénétrer les milieux d'extrême droite en montrant son habileté à manier les stéréotypes en vigueur.
Sonia LACABANNE
Changes of food and lifestyle in New Caledonia during WW II : Base Wallahs
Mon propos est de présenter le mode de vie de la troisième division de l'armée néo-zélandaise pendant son séjour en Nouvelle-Calédonie de 1942 à 1944 . C'est à partir de la lecture de Base Wallahs que je présenterai les efforts d'adaptation de l'armée néo-zélandaise en Nouvelle-Calédonie concernant le ravitaillement de ses troupes. Ceci me conduira à tourner mon attention vers les activités du génie, celles de la 29ème compagnie chargée des transports et de l'approvisionnement ainsi que vers le fonctionnement de la cantine. Le Fond National Patriote néo-zélandais (appelé NatPat) a joué aussi un rôle majeur pour préserver le moral des troupes. Me fondant sur cet unique témoignage militaire de la présence néo-zélandaise en Nouvelle-Calédonie, je tenterai de définir les relations de la 3ème division avec la population civile et les conséquences possibles sur son mode de vie alimentaire et son mode de vie en général.
Monsieur MONCHANIN
La gastronomie, un art qui rassemble
Le petit LAROUSSE illustré dit de la gastronomie : " Connaissance de tout ce qui se rapporte à la cuisine à l'ordonnancement des repas, à l'art de déguster et d'apprécier les mets ". Que ce soit par la voie de I' entreprise ou par celle du Lycée professionnel, l'éducation nationale avec la collaboration étroite des Professionnels de la restauration a défini un référentiel des formations selon le niveau de compétence recherché. Car avant de cuisiner librement, l'apprenti ou l'élève devra maîtriser les techniques de base, la technologie, sans pour cela négliger l'enseignement général. Actuellement en Nouvelle-Calédonie, les diplômes préparés sont le C A P D (cap au développement), diplôme délivré uniquement en Calédonie par l'éducation nationale, le CAP (certificat d'aptitude professionnelle), le BEP tremplin pour, un baccalauréat professionnel. Des mentions complémentaires dans les spécialités de barman, traiteur et pâtissier en dessert de restaurant permettent à l'élève d'être immédiatement opérationnel, contrairement aux autres diplômes qui nécessitent un temps court d'adaptation dans l'entreprise. Certes, le contenu de la formation est élaboré depuis la métropole, puisque le diplôme est national, mais dans les fiches techniques culinaires, dans la quenelle le brochet a cédé la place au mahi mahi ou au saumon des Dieux. Pour l'art de la table et la commercialisation des produits, l'accord des mets et des vins le contact à la clientèle est essentiel. En cuisine, pour les produits à traiter, les cinq sens sont en éveil et doivent, à force de pratique, évaluer par l'oeil et le toucher la fraîcheur du produit, le degré de cuisson souhaité par le gastronome. La gastronomie, comme tout art, évolue selon les modes. Actuellement, le plaisir des papilles ne doit pas transgresser celui de la règle diététique. Souvent hommes d'affaires avisés, les grands chefs cuisiniers ont intelligemment joué le jeu de cette nouvelle règle par le jeu des cuissons vapeur, le goût vrai des produits, dans de grandes assiettes présentées telles des tableaux de maître, où bien souvent le prix pratiqué est à l'inverse du grammage des quantités servies. Les femmes ont su, au fil des siècles, améliorer l'ordinaire. Les cuisinières d'antan, nos arrières grands-mères, nos grands mères ont donné un nouvel essor à la cuisine. Leur réputation a dépassé les frontières de la France. Toutes ces ambassadrices du goût culinaire français ont été les inspiratrices de tous les grands chefs actuels. 'Que dire de la mondialisation dans la cuisine ?. Le voyage des cuisines autour du globe répond au besoin de communiquer entre les peuples et les cultures. Les migrations ont permis, qu'on puisse manger de mieux en mieux chinois à LOS ANGELES ou Italien à Singapour Car si l'exportation des saveurs et bien un acte de partage, leur importation n'en n'est pas moins un geste d'ouverture. Le brassage des cultures féconde le bonheur des gourmets. Une sorte de fraternelle des saveurs qui s'oppose à la world compagnie culinaire. Cette distinction entre la world compagnie culinaire et la gastronomie est essentielle, car la world cuisine ignore l'histoire des gastronomies. Peut-on imaginer quelque chose de plus triste que l'instauration d'un " espéranto culinaire " à l'échelle planétaire. La world cuisine est bien une mondialisation alimentaire, elle est le mélange, dans un même moule, de saveurs qui se sont d'abord révélées en existant séparément et délaisse les lois de l'équilibre et de l'harmonie au profit de l'amalgame des sens, elle nie les cultures et les traditions culinaires. Le cuisinier passionné, lui, veut prouver qu'on peut continuer à cultiver, ici, les valeurs de la tradition tout en s'ouvrant aussi sur l'extérieur. C'est certainement une particularité de notre époque que de ne plus confondre amitié entre les peuples et intégration forcée, pluralisme et mondialisme, patriotisme et nationalisme.
Sonia MYCAK
Psychoanalysing culinary fashion in contemporary Australia
Fine wining and dining bas become the premier leisure activity of the middle class in Australia. Socialising is inherently linked to the culinary arts, and food and eating is a fashionable form of popular culture. Each weekend, newspapers feature articles parading the latest recipe trends, the most stylish ways to eat, and the most chic eateries. By following such public pronouncements(usually written by noted authorities and social commentators) each and every consumer can become not only an epicure but also a gastronome, that is, not only a person with refined tastes in food but also a judge of good eating and drinking. Depending on what one eats and where, a consumer can instantly reach the heights of social acceptability by self-consciously behaving as a gourmet and connoisseur. As a social trend, the investment of large amounts of rime and money in the habit of eating represents and embodies other desires. Table delicacies come to symbolise other refinements, both on a personal and social level: education, success, high culture and high income. Given the extreme cost of pursuing such gastronomy, food and the act of eating becomes elitist and a sign of social rank. I wish to explore how it is that in contemporary Australian society food becomes not a matter of nourishment but purely of lifestyle. I want to examine the texts and discursive formations by which expensive food and trendy eating habits appeals to the desire to become upwardly sociably mobile. Most of ail, I want to explore the process by which consumers can be persuaded (against their better judgement, I would argue) that what they normally do not want is what they do want, when it comes to food. I want to explore why public pronouncements can convince customers to disregard the principles according to which they normally buy and consume: value for money, reasonable prices, quantity as well as quality. I want to explore how it is that customers can temporarily suspend their own judgement and concur with public pronouncements that expensive is better than cheap, and less is more, when it comes to culinary fashion. Since such investment of time and money fulfils personal needs and socio-symbolic desires, I will draw upon psychoanalytic theory to explore how and why the subjectivity of taste is overridden by a supposed objectivity of public opinion. I want to explore what it is consumers are really feasting upon, when they engage in such gastronomy. I will hypothesis as to what it is consumers are really hungry for when they gourmandise.
Nancy J.POLLOCK,
Victoria University, Wellington, New Zealand
Food as Social Cohesion in Oceanic societies
Les aliments qui circulent dans les communautés du Pacifique véhiculent des messages d'appartenance, d'identité, de liens familiaux et d'obligations sociales. Nous étudierons les échanges de nourritures entre foyers comme le type le plus fréquent de ces échanges. De plus, les membres de la communauté préparent spécialement des aliments en l'honneur du chef et des invités. De nos jours, les aliments circulent au-delà des îles au sein de la Diaspora afin de conserver les liens et de fournir "un échantillon de la vie à la maison" . Cette circulation de nourriture représente le sang de la vie de la communauté. Le caractère de cohésion a autant d'importance que le caractère nutritif des aliments pour l'équilibre de la communauté et de ses membres. Fidji, les Iles Marshall, Wallis et Futuna fournissent des exemples pour illustrer notre propos. Le souci d'assurer la subsistance sous-tend ainsi une dimension symbolique de la nourriture en même temps que celles qui lui sont intrinsèques.
Food that flows within and between Pacific communities carries strong messages of belonging, identity, family ties and social obligations. In this paper we will consider household food exchanges as the most frequent type of these flows. In addition, special foods are prepared for a presentation to honour a chief, or visitors, by members of the community. Today foods flow between islands and beyond to reunite across the diaspora, thus providing 'a taste of home'. In all these flows food represents the life-blood of the communities. Its cohesive features are thus as much part of the health of communities as are the nutritive elements for the health of individuals. Illustrative examples will be drawn from Fiji, Marshall Islands and Wallis and Futuna. Food security concerns thus incorporate this symbolic dimension of food alongside its substantive qualities.
Raylene RAMSAY
Vivres et Vie
La figure de " l'incorporation ". De la littérature orale aux écrits hybrides de Déwé Gorodé et de Claudine Jacques.
Quelle est la relation avec la terre et avec l'autre, avec la vie, révélée par la thématique des vivres et le portrait sociologique de la nourriture dans les textes calédoniens? En quoi les figures métaphoriques chez Claudine Jacques et Déwé Gorodé qui empruntent toutes les deux à la littérature orale kanake pour mettre en scène des figures de "l'incorporation" telle l'homme lézard, sont-elles différentes des représentations classiques françaises et entre elles? Chez Jacques, auteur calédonien d'origine européenne, la possession du corps s'inspire autant de la vieille histoire européenne du fiancé-animal que reprend " La Belle et la Bête ", c'est à dire de l'histoire apparemment universelle de la bête dans l'homme, de l'homme à la fois âme et corps que de l'histoire kanake du tabou non respecté et puni. Le lézard connote l'occupation du corps par l'alcool et la drogue, dévoré par la honte, l'humiliation, le remords et la possible destruction de l'humain. Mais, si les vivres/la vie des jeunes chez Jacques sont multiculturels, comprenant la coexistence d'une pluralité de modèles, il y a également des préférences, des jugements de valeur. Nous ne sommes pas dans l'équivalence absolue du postmodeme. Une éthique humaniste, une logique narrative réaliste prévalent dans ses textes. Sommes-nous pour autant dans le domaine de l'hybridité? La figure traditionnelle du lézard est-elle incorporée dans le moderne de sorte que Jacques en fait quelque chose de nouveau qui n'est ni l'histoire kanake ni le conte européen universel ? Chez Déwé Gorodé, la représentation de l'identité culturelle par les vivres vient doubler le message du bonheur d'être pieds nus dans la terre nourricière des ancêtres et renforcer une philosophie de perméabilité à l'autre. Cette représentation incorpore une idée particulière de la vie, incorporation de l'être dans une relation d'échange avec la terre l'enracinement opposé à l'exil, l'être pour l'autre opposé au non-être, ancrage à la fois dans la vie matérielle et spirituelle. Nous proposons l'hypothèse que le texte de Gorodé constitue un refus de " l'incorporation " de l'européen, refus de se laisser dévorer par le rationalisme, résistance qui est une politique. S'il montre un certain syncrétisme, incorpore certains aspects de la déconstruction dite postmoderne, mettant en scène par sa thematique et par sa logique narrative toutes particulières la figure de la perméabilité, de " l'incorporation " du monde, de l'autre, de l'aliment, et de la parole dans le moi, il montre aussi que "l'incorporation " n'est pas illimitée, le sens n'est pas indéterminé, les choix ne sont pas réversibles. Mais malgré le métissage inévitable, ce texte reste ancré dans le monde mythique kanak comme chez Tjibaou et Leenhardt dont il s'inspire. La figure de "l'incorporation " chez Gorodé est à deux faces, contradictoires mais ne s'excluant pas mutuellement - la terre comme échange, bienfaisante, et la terre comme vengeance, malfaisante. Notre comparaison des représentations alimentaires et surtout de la figure de " l'incorporation " dans la littérature orale et chez des écrivains contemporains nuance la thèse de Bogliolo sur la littérature calédonienne. L'écriture sociale et ethnographique à partir d'une connaissance intime de la Calédonie, la nourriture comme représentation des liens sociaux et le recours à ses textes "oraux" comme inter-textes peuvent en effet établir l'appartenance de nos auteurs à une littérature dite " émergente ". Mais si c'est aussi les figures métaphoriques et la pratique d'une langue altérée par ses contextes calédoniens qui marqueraient cette appartenance, il faut constater que celles-ci sont différentes d'un auteur à l'autre. L'espace de la rencontre culturelle est nécessairement mixte mais de manière bien différente chez Gorodé et Jacques et leurs logiques narratives ne se ressemblent pas. Si la figure de 1'incorporation renvoie a une certaine hybridité dans les stratégies textuelles de Déwé Gorodé et de Claudine Jacques, cette hybridité n'est pas la même dans les deux oeuvres.
Résumé :
Claudine Jacques et Déwé Gorodé construisent toutes les deux un portrait des liens sociaux en Nouvelle-Calédonie à partir de représentations de la nourriture calédonienne et empruntent à la littérature orale kanak pour mettre en scène des figures symboliques associées - figures de "l'incorporation" comme l'homme lézard. Ainsi, selon Bogliolo, elles montreraient leur connaissance intime du pays et leur appartenance à une littérature "calédonienne". A partir d'une analyse des représentations des aliments chez ces auteurs et de la nature de leur lien respectif avec la littérature orale qui fournit leurs figures symboliques centrales, nous voulons suggérer que l'espace de la rencontre culturelle, nécessairement hybride, l'est de manière différente chez ces auteurs calédoniennes dont les 1ogiques narratives ne se ressemblent pas.
John and Marie RAMSLAND
University of Newcastle, Australia.
Dining and staying at the Grand Hotel of the Pacific The heyday of elite cosmopolitan lifestyle at the Australia Hotel, Sydney, 1925-1945.
Le caractère européen cosmopolite de l'hôtel fut établi en 1891 lorsque la 'divine' Sarah Bernhardt, comédienne française en tournée avec son entourage, fut la première cliente à signer le registre. Dans les années 1920, l'hôtel fut l'épicentre des réceptions de sociétés resplendissantes, où on offrait une cuisine française parfaite à une clientèle omniprésente de célébrités étrangères ainsi qu'australiennes : musiciens, comédiens, artistes, dignitaires, écrivains... Nous explorerons progressivement l'âge d'or de l'hôtel, le style de vie changeant dans le contexte de .Sydney, ville urbaine au bord de la mer, et son déclin pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous présenterons les distinctions de classe et de condition, le raffinement de la culture, de la beauté, du prestige et de la mode.
The Winter Garden, that happy meeting ground for people from all parts of the world, is distinctly cosmopolitan in atmosphere. Here one may find great artists of the world of music, literature and art, noted personalities in naval and military circles, distinguished men in the realms of commerce, shining lights in the theatrical sphere, prominent town and country hostesses - a medley of interesting people. The Australia Handbook, August 1925, p.6. The Friday evening crowd had welled up from the vestibule and overflowed into the upper corridor and lounges. Women and girls surged towards the powder rooms like high-stepping ponies in their stilt heels, their brief skirts flipping the backs of tanned knees. Dymphna Cusack & Florence James, Come in Spinner, William Heinemann, Surrey, 1951, p.24.
During World War II the still opulent Australia Hotel had been transformed by social conditions into a less refined and more raffish venue in which the "air hummed with the incessant clamour of the crowd" of uniformed servicemen on leave living it up with pleasure-seeking, high-spirited young Australian women in their "bright florals" as depicted accurately and insightfully in Dymphna Cusack and Florence James's novel of social realism1. The Hotel provides an authentic site and background to their study of the problems imbedded in relationships between men and women in a frenetic and exploitative wartime Sydney. Lifestyle at the Hotel had changed suddenly and dramatically from pre-war days. In its heyday during the twenties and thirties, the same hotel had the polite exclusiveness and sophistication of a cosmopolitan European grand hotel of a metropolis. The Australia then was intended for an Australian and international cultural and social elite for which it catered discreetly in a variety of ways. It was the glittering scene of distinguished and brilliant social functions and gatherings where "perfection in cuisine" was automatically expected or even demanded and the chef produced "triumphs of the culinary art, tempting the most epicurean palate"2. Such soirees and other social rituals assembled at the Australia persons of achievement in the arts, civil affairs and business. Wide-ranging talk, even provocative discussions took place. Very much in evidence was the beauty, wealth, fashion and talent of the southern city. Throughout the interwar period the Hotel maintained a particularly high and well-recognised standard of exclusive service and was where only the upper echelons of society from country and city stayed or gathered. The place was habitually visited by luminaries and celebrities of the theatre and conceit stage as well as artistic and literary figures of note. Amongst them was the famous Russian ballet dancer, Anna Pavlova on her celebrated tour of Australian capitals, the distinguished, charismatic composer and concert pianist, Percy Grainger, the neo-classical artist and book illustrator, Norman Lindsay, the famous opera diva, Dame Nellie Melba, the celebrated Shakespearean thespians from London, Lewis Casson and Sybil Thomdike, the Australian filmmakers, Elsa and Charles Chauvel, and many more. The paper explores in depth the cultural and social interaction and activity promoted by the Hotel between the two wars as well as its gradual decline from social prominence during the Second World War and after. The notions of social rank and social class structure in Australia during the period and their relationship to public and private lifestyles are considered and delineated. The changing status and nature of the Australia Hotel within the context of society is analysed and attention is given to the information provided by literary, film and other popular media sources which demonstrate changing fashions, lifestyles and significant cultural and social rituals, mores and activities in urban Sydney as a South Pacific port, capital city and centre of both popular and exclusive twentieth century culture.
Jimaima TUNIDAU SCHULTZ
Le travail du département de la santé publique de la Communauté du Pacifique, dans les îles du Pacifique.
Nutrition : what has culture got to do with it ? A contextual consideration
Le mode de préparation alimentaire, le choix de notre alimentation diffèrent de façon significative d'une culture à une autre. Les coutumes ont une influence certaine sur notre comportement y compris notre comportement alimentaire. Les féculents sous forme de tubercules, le porc et le poisson étaient le seul régime alimentaire pratiqué en Océanie avant la mise en contact avec l'Occident.
De nos jours, l'urbanisation est présente dans les Iles du Pacifique. Elle amène une foule de changements, dans le mode de vie et dans nos valeurs.
Quand les habitudes alimentaires traditionnelles se perdent, que peut-on et doit-on faire ?
Que faisons-nous pour éduquer nos familles, nos parents et nos enfants à ce sujet ?
Jean-François VERNAY
Des victuailles aux entrailles: entre Copia et Inopia, la sociabilité chez Carey et Core
Nous articulerons notre réflexion autour du rapport entre le vivre et le savoir-vivre dans la littérature australienne contemporaine. Seront à l'étude : la nouvelle éponyme du premier recueil publié de Peter Carey The Fat Mon in History (1974) et le troisième roman de Christopher Koch intitulé The Year ofLrvmg Dangerowfy (1978) qui lui permit de passer à la postérité. Ceci nous conduira à aborder le thème de la sociabilité et de ses corollaires (individu/ groupe, inclusion/ exclusion/ normes/ anormalité, etc.) au travers de divers aspects consubstantiels au(x) vivre(s) : l'obésité chez les personnages de Carey et de Koch, la nourriture comme indice spéculaire des milieux socio-culturels (chez Koch) et l'analogie entre nourriture et sexualité pour reprendre les thèses du psychiatre Willy Pasini (in Nourriture et Amour, Payot, 1995), et le cannibalisme qui appelle une lecture freudienne dans "The Fat Man in History" de Peter Carey. Cette communication se propose d'explorer la tension entre copia et inopia, entre l'abondance et la pénurie, entre le plein et le vide, qui créée une dynamique dans tes rapports sociaux. L'individu, qui doit se soumettre à la pression du groupe, se voit tiraillé entre le maintien du lien social par le respect des règles du collectif (par le biais du savoir-vivre), et son besoin vital - mais individualiste - qui le pousse à combler un manque (l'appel au vivre). Ainsi, le plein, les victuailles, l'abondance (copia), sont-ils là pour combler le vide, les entrailles, le manque (inopia). Lorsque ce besoin est satisfait, l'individu arrive à un état de satiété. Dans la surabondance, ce besoin est largement dépassé, voire ignoré. En période de disette, il ne peut - à l'évidence - être assouvi. Ceci posé, il ne faut pas nier que l'homme se nourrit essentiellement par nécessité, afin de grandir et de (sur)vivre. Pour les replacer en contexte, ces écrits des années 70 correspondent à ta période durant laquelle la qualité des aliments était dévalorisée au profit de la quantité. La nourriture était rien de moins qu'un carburant, un élément moteur de survie. Cependant, il arrive que l'être humain, bien que parvenu à satiété - le besoin de nutrition ayant été largement assouvi -, cherche encore à se sustenter. Dans la surabondance, les vivres, autrement vital pour l'individu qui fait preuve de modération, revêtent un caractère nuisible, sinon délétère pour l'appétit vorace. Ainsi, le transgresseur passe-t-il aisément de la croissance à l'excroissance, du manger pour vivre au vivre pour manger. "The Fat Man in History" (1974) de Peter Carey et The Year ofLiving Dangerously (1978) de Christopher Koch - deux écrits d'auteurs contemporains australiens - relatent ces tensions et ces interactions entre l'individu et le groupe, entre la normalité et l'anormalité, entre l'inclusion et l'exclusion (pour ne citer qu'elles), qui soit érigent ou lèvent les barrières sociales qui cloisonnent les rapports humains. Nous verrons ainsi qu'au sein du processus d'intégration, dans l'espace mitoyen de rentre-deux, ou lors du phénomène d'exclusion, la nourriture joue parfois un rôle déterminant dans l'acceptation ou le rejet de l'Autre.
Résumé
Cette étude comparative des écrits de Peter Carey et de Christopher Koch publiés dans les années 70 explore la tension entre copia (l'abondance) et inopia (la carence) qui crée une dynamique dans les rapports humains. Si les individus aux extrémités de ce dipôle sont fatalement marginalisés dans des catégories manichéennes (ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas, les obèses et les faméliques), c'est en raison de leur altérité radicale qui engendre la haine et la peur. Peut-être que la solution réside dans une autre façon de percevoir la différence. Elément vital, cette dernière permettrait à l'homme de se singulariser par l'affirmation d'une identité sui generis.
Stéphanie VIGIER
La communication portera sur la représentation des vivres et du vivre dans les œuvres de Patricia Grace, et en particulier dans un roman récent: Dogside Story (2001). La représentation de la vie physique, et surtout de la collecte, de la préparation et de la prise de nourriture occupe une place conséquente dans les œuvres de cet écrivain. Il s'agira de voir tout d'abord comment cette représentation des vivres intègre la confrontation culturelle des communautés maori et pakeha en Nouvelle-Zélande. La représentation des habitudes alimentaires, de la collecte des vivres (la pêche en particulier) des objets liés à la cuisine est un des moyens utilisés par Patricia Grâce pour faire exister avec force le monde maori dans sa spécificité. A l'opposé, la fascination de certains personnages pour des aliments typiquement Pakea(européens) vient illustrer la répression culturelle et l'aliénation dont ils ont été victimes. Néanmoins, certains vivres " importés " sont associés à la vie maori : ils permettent d'interroger la façon dont Patricia Grâce pense l'assimilation d'influences européennes par la culture maori. D'autre part, la collecte des vivres, leur préparation et les repas sont toujours liés à une représentation vivante de la communauté, et plus particulièrement aux grandes cérémonies qui rythment son existence : les naissances, les mariages et les deuils. Les vivres jouent donc un rôle clef dans la représentation de la vie sociale. Ils occupent également en ce qui concerne les projets économiques des communautés représentées : ils sont une des voies les plus importantes de conciliation entre organisation sociale maori et entrée, au moins passagère, dans une économie de marché. Dogside Story a le mérite de taire affleurer une réflexion sur les difficultés et les risques associés à cette conciliation : créer un gîte, une table d'hôte peut permettre de financer les projets de la communauté en s'appuyant sur un travail collectif, mais la communauté court toujours le risque d'être spoliée par un de ses membres, gagné par le goût du profit. Enfin, l'un des enjeux majeurs du roman est d'évoquer la reconstruction d'un wharekai (espace de cuisine collectif). Or il semble y avoir un lien symbolique très fort entre l'existence de ce wharekai et la "bonne santé sociale" de la communauté familiale (whanait). Le clan dont il est question dans ce roman a connu deux grandes périodes de crise, toutes deux associées à l'absence de wharekai digne de ce nom : la destruction ou l'absence de l'espace social qu'est le wharekai reflète les menaces qui pèsent sur la communauté, au contraire sa reconstruction va de pair avec une reprise en mains du destin commun de la famille. Il semble donc bien y avoir un lien étroit entre représentation des vivres et du vivre, vitalité culturelle et équilibres sociaux. La vie physique renvoie de façon constante à la vie sociale, culturelle, économique de la communauté dans les œuvres de Patricia Grâce, tout comme l'histoire collective peut être lue dans le corps et la psychologie des personnages qu'elle met en scène.
Résumé :
La communication portera sur la représentation des vivres et du vivre dans un roman de Patricia Grace : Dogside Story. La représentation de la vie physique, et surtout de la collecte, de la préparation et de la prise de nourriture occupe une place conséquente dans les ouvrages de cet écrivain ; elle apparaît en premier lieu comme le support d'une affirmation culturelle maori.
Mais l'un des enjeux de Dogside Story est également d'évoquer la reconstruction d'un wharekai (espace de cuisine collectif). Or il semble y avoir un lien symbolique très fort entre l'existence de ce wharekai et la "bonne santé sociale" de la communauté. C'est donc ce rapport entre représentation des vivres et du vivre, vitalité culturelle et équilibres sociaux, qu'il nous faudra aussi interroger.
Peter BROWN :
Peter Brown est Maître de Conférences à l'Australian National University (Canberra), Après avoir travaillé sur la poésie française (Stéphane Mallarmé et récriture en mode mineur : Editions Minard), il s'intéresse à la littérature d'émergence du Pacifique tant en Australie qu'en Nouvelle-Calédonie. Il a également édité Mwà Véé. Living Héritage. Kanak Culture Today (Agence de Développement de la Culture Kanak) pour le Festival des Arts du Pacifique en 2000.
Bernard GASSER :
Bernard Gasser est enseignant de lettres au lycée Apollinaire Anova de Païta, titulaire d'un DEA sur la bibliographie de la littérature calédonienne de l'Université de la Nouvelle-Calédonie. Il a écrit plusieurs articles sur l'œuvre de Déwé Gorodé et a rédigé la préface et les notes de nombreux textes de Jean Mariotu dans le cadre de la réédition des œuvres complètes de cet écrivain calédonien. Il est l'auteur d'une biographie de Georges Baudoux aux éditions Grain de Sable.
Danielle GUAENERE :
Professeur de l'Enseignement Technique de collectivité au collège de Bourail, Conseillère municipale de la commune de Mare, Danielle Guaenere est membre de la commission de la Femme et est donc en prise directe avec le terrain pour améliorer l'hygiène alimentaire en Nouvelle-Calédonie, en particulier dans les îles.
Epeli HAU'OFA :
Epeli Hau'ofa , sociologue et anthropologue, est l'auteur de textes de fiction comme Taies of the Tikong, et de plusieurs articles remarquables pour leur retentissement dans le Pacifique. Actuellement directeur du centre océanien pour les arts et la culture, qu'il a fondé, à l'U.S.P. ( University of the South Pacific), il se consacre à la promotion de jeunes artistes (sculpture, peinture, gravure, danse etc.)
Dominique JOUVE :
Dominique Jouve, agrégée de lettres classiques, ancienne élève de l'École Normale Supérieure de Fontenay aux Rosés, titulaire d'un doctorat d'état en lettres et sciences humaines et professeur des universités est la directrice du centre de recherches Transcultures à l'Université de la Nouvelle-Calédonie. Elle poursuit ses recherches sur la littérature francophone contemporaine dans le Pacifique et surtout la Nouvelle-Calédonie.
Sonia LACABANNE :
Sonia Lacabanne est maître de conférences en littérature anglophone à l'Université de la Nouvelle-Calédonie et Directrice du département de Lettres, Langues et Sciences humaines. Après sa thèse de doctorat sur la littérature anglophone du Pacifique insulaire, elle a écrit deux livres, l'un sur le roman, l'autre sur la nouvelle anglophone du Pacifique. Elle continue ses recherches dans ce domaine.
Nancy POLLOCK :
Nancy Pollock is Senior Research Associate in Anthropology and Acting Director of Development Studies at Victoria University in Wellington, New Zealand. Her main research topic has focused on food as a dietary component , local foods within the island plant inventory, and food and health issues such as diabetes and obesity. Her books include These Roots Remain (1992) which traces the use of starch staples in Oceanic societies from 1500s to the present, "Social Aspects of Obesity" (1995) which she co- edited with Igor de Garine, and The Power of Kava (1995), and many published papers. She is the Commissioner for the Anthropology of Food for the Pacific.
Raylene RAMSAY :
Raylene Ramsay est Professeur de Français et chef de département à l'Université d'Auckland. Elle prépare actuellement une histoire littéraire de la Nouvelle-Calédonie à travers des textes choisis traduits en anglais ainsi qu'une étude de l'hybridité dans la littérature calédonienne. Elle a traduit en anglais les poèmes de Déwé Gorodé publiés dans Dire le vrai/ To Tell the Truth (Grain de sable, 2001). Son travail sur French Women in Politics (Berghahn Press, Oxford et New York) vient de sortir (2002).
J. & M. RAMSLAND :
John Ramsland is Professor of History at the University of Newcastle, Australia. His main on-going research interests are in aspects of Australian cultural and social history, Aboriginal history and the history of childhood and education in the nineteenth and twentieth centuries. He has published six books and over a hundred articles, papers and essays in books, journals and conference proceedings.
Dr Marie Ramsland is Lecturer in French at the University of Newcastle, Australia. Her research interests consist of the works of Michel Tournier, regional poets and novelists of La Rochelle and French/Australian literary and cultural contacts and associations in texts. Her latest publication is an illustrated translation of Tournier's La Couleuvrine in collaboration with Lee Saunders as illustrator, to be released by Boombana Publications, Brisbane in 2002.
Jimaima TUNIDAU SCHULTZ :
Nutritionniste, Jimaima Tunidau Scultz est conseillère pour la promotion d'un mode de vie sain auprès de la Communauté du Pacifique.
Jean-François VERNAY:
Professeur certifié d'anglais titulaire d'un D.E.A., Jean-François Vemay poursuit une thèse sur la littérature australienne contemporaine sous la direction du Pr. Xavier Pons (Université Toulouse-Lé Mirail). Depuis mars 2002, il est le Directeur de Publication d'un semestriel culturel intitulé Correspondances Océaniennes, et contribue au Journal of Australian Studies (Perth, Australie).
Stéphanie VIGIER :
Stéphanie Vigier, est agrégée de lettres modernes, ancienne élève de l'École Normale Supérieure de Fontenay- Saint-Cloud, titulaire d'un DEA d'anthropologie de l'Université de la Nouvelle-Calédonie, actuellement allocataire de recherche-monitrice à l'Université de la Nouvelle-Calédonie. Première année de thèse en lettres, sous la direction du Pr Raylene Ramsay (Université d'Auckland) et du Pr Paul de Deccker (Université de la Nouvelle-Calédonie). Domaine de recherche : les enjeux éthiques et politiques dans la littérature océanienne contemporaine (en particulier chez Déwé Gorodé et Patricia Grâce).
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